Perrotin Paris a le plaisir de présenter Now What? Or What Else?, la toute première exposition personnelle à Paris de l’artiste américaine renommée Nina Chanel Abney. Forgé par les effets émotionnels d’une crise durable, ce corpus d’œuvres aborde l’expérience de la vie dans un monde où l’effondrement est un état permanent et non une situation exceptionnelle. L’exposition reflète non seulement le désastre écologique, mais aussi les conséquences psychologiques plus larges des dysfonctionnements politiques, de l’absurdité culturelle et de la fatigue sociale. L’imagerie environnementale n’est pas tant convoquée comme documentation que comme métaphore. À l’heure où planent les spectres de la résurgence de l’autoritarisme, du déni climatique et de la normalisation du chaos, cette exposition nous demande doucement : « comment faire pour continuer ? ».
L’incendie a déjà commencé. La crue est en cours. Nous avons vu les alertes, nous avons capturé les images, nous avons sonné toutes les alarmes. Pourtant, nous sommes encore là, à scroller, à dormir, à errer, à essayer de préparer le dîner.
La pratique de Nina Chanel Abney brouille depuis longtemps les frontières entre humour et horreur, figuratif et abstrait, spectacle public et psychologie intime. Dans cette nouvelle série, les compositions audacieuses et graphiques de l’artiste donnent à voir une vie quotidienne surréaliste : des couples au lit près de montagnes de linge sale, des pique-niques dans un air empoisonné, des caddies de courses remplis d’une angoisse existentielle. À l’arrière-plan, des forêts brûlent ; des plateformes pétrolières sont visibles depuis la plage ; les vacanciers qui se font dorer au soleil flottent à côté de poissons morts. Le monde continue de tourner, mais quelque chose ne va pas, c’est certain. Et personne ne s’en émeut.
Plutôt que de saisir la catastrophe à son apogée, Now What? Or What Else? se tourne vers la vie intérieure. L’exposition se concentre sur l’ennui, le détachement et la répétition discrète qui définissent désormais notre météo émotionnelle. L’urgence s’est modifiée. Nous comprenons sans ressentir. Les œuvres de l’exposition ne hurlent pas–elles s’attardent, elles témoignent, elles résistent.
Si le surréalisme français utilisait autrefois la logique du rêve pour dévoiler les désirs inconscients, le travail de Nina Chanel Abney se sert de la vie quotidienne pour mettre en lumière un monde tout aussi irrationnel. Ses compositions reprennent l’étrangeté de notre existence moderne : des visages ressemblant à des émojis sans expression, le danger camouflé derrière le design, des couleurs vives qui cachent un épuisement. En résulte un langage visuel ludique mais inquiétant, qui tout à la fois nous semble familier et nous met mal à l’aise.
Ce n’est pas le début de la fin. C’est le milieu, quelque part.
Après le vacarme. Avant le règlement de comptes.
Lorsque la question n’est plus « que se passe-t-il ? », mais Et maintenant ? Quoi d’autre ?
Il s’agit d’un point de rupture. Du flou qui le suit, après que l’urgence a disparu, avant que la vérité ne pénètre en nous. C’est un monde rendu amorphe par la répétition, qui fait encore semblant de fonctionner. Tout est normal, et rien ne va.
Née en 1982 à Harvey, IL, USA
Habite et travaille à New York, USA
Nina Chanel Abney est née en 1982 dans L’Illinois, aux États-Unis. Elle vit et travaille à New York.
Combinant figuration et abstraction, les oeuvres de l’artiste capturent le rythme frénétique de notre société contemporaine. Abney aborde des sujets sociaux-politiques de notre époque de manière percutante et accessible. Ses compositions aux formes symboliques ainsi que son utilisation des couleurs, rendent hommage à Matisse, et puisent leur inspiration chez les cubistes tels que Picasso et Léger. Abney est aussi influencée par les sensibilités synesthésiques du mouvement de la Renaissance de Harlem, visibles chez Aaron Douglas et Jacob Lawrence par exemple.
À propos de l'artiste
