18 octobre - 20 décembre 2025
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Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

Perrotin Paris a le plaisir de présenter Lorquianas, une exposition personnelle de Cristina BanBan, artiste espagnole basée à New York, composée de grandes toiles inédites et travaux sur papier pour sa quatrième exposition au sein de la galerie. Ayant été présentée pour la première fois en mai 2025 au Musée des Beaux-arts de l’Alhambra à Grenade (Espagne), cette exposition arrive à Paris enrichie de nouvelles pièces créées pour l’occasion.

Vues de l'exposition de Cristina BanBan 'Lorquianas' à la galerie Perrotin, Paris, 2025. Photo : Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin

Lorquianas est le projet le plus ambitieux de Cristina BanBan à ce jour, et c’est aussi sa première exposition institutionnelle. Elle trouve son origine dans une invitation à dialoguer avec la vie et l’héritage de Federico García Lorca dans la ville natale du poète, Grenade. Sa présence immuable dans la mémoire culturelle andalouse, et ses personnages archétypiques et forts en émotions dans des oeuvres telles que Yerma, La Maison de Bernarda Alba, et Noces de sang, constituent les fondements conceptuels de l’exposition.

Au coeur de Lorquianas se trouve une série de toiles immenses qui répondent à la complexité émotionnelle et symbolique de l’univers de Lorca. Dans Yerma (toutes les oeuvres mentionnées sont de 2025), Cristina BanBan s’inspire de la tragédie du même nom élaborée par Lorca en 1934, dans laquelle la protagoniste, prisonnière de normes culturelles de féminité et de fécondité, est peu à peu détruite par le fait de ne pas avoir d’enfant. La plasticienne traduit cette tension par deux personnages interdépendants, l’un en deuil et avachi, l’autre bien droit et rappelant une statue. Sur des aplats entrecroisés verts, bruns et bleus, ces silhouettes contrastent en taille et en tons, mais restent liées par une même vulnérabilité. Leur relation n’évoque pas seulement le désir de maternité, mais aussi la dualité émotionnelle, le refoulement et la résignation, des thèmes centraux dans la pièce comme dans la peinture.

Cristina BanBan dans son studio à Brooklyn, NY, 2025. ©Albert Font. Courtesy of the artist and Perrotin

Luto y ajuar explore une dynamique générationnelle qui est elle aussi au coeur de la vision qu’a Lorca de la féminité espagnole, en particulier dans La Maison de Bernarda Alba (1936), une pièce racontant la lutte de cinq filles contre l’autorité étouffante de leur mère en plein deuil. La toile de Cristina BanBan met en scène un contraste tout aussi fort : des femmes âgées vêtues de noir sont assises face à des femmes plus jeunes, dont les gestes hésitent entre confrontation et déférence. Des bas colorés et des éléments domestiques (chaises rouges et jaunes, cuisses dénudées) créent une tension visuelle entre solennité et sensualité, qui fait écho à l’intérêt de Lorca pour le conflit entre tradition et désir qui existe au sein du foyer.

D’autres peintures s’inspirent de manière plus indirecte du vocabulaire symbolique de Lorca. Dans Multitud, Cristina BanBan fait apparaître une procession masquée et théâtrale rassemblant divers âges et identités ; elle rappelle l’intérêt profond de Lorca pour les fêtes populaires andalouses, et la mise en scène carnavalesque que l’on retrouve dans ses tragicomédies. Un pichet, qui pourrait aussi être une urne funéraire ou le réceptacle d’une forme de vie, est un clin d’oeil à l’utilisation par Lorca d’objets domestiques comme métaphores du destin.

Cristina BanBan, Multitud (detail), oil on linen. Courtesy of the artist and Perrotin

Les toiles Venus et Clown, deux tableaux verticaux très allongés, forment une sorte de diptyque qui explore les dualités – fécondité et artifice, sensualité et absurdité – sur des fonds texturés aux couleurs vibrantes. Venus, avec sa nudité primaire, évoque des archétypes bien antérieurs à Lorca, mais sa force gestuelle et son écho mystique rappellent l’influence toujours présente du poète dramatique. Clown, à la fois théâtrale et insondable, joue avec l’idée de la dissimulation et de la performance, des thèmes que Lorca a exploré à la fois dans ses personnages et dans sa personnalité publique.

Parmi les nouvelles oeuvres créées pour la présentation à Paris, on trouve La Zapatera Prodigiosa, Muchachas de Agua et Clown II. Chacune approfondit le dialogue de l’artiste avec l’univers symbolique de Lorca. La Zapatera Prodigiosa tire son titre de la pièce de Lorca datée de 1930, La Savetière prodigieuse, une oeuvre satirique qui confronte les structures du mariage et le regard de la société. Cristina BanBan traduit ces tensions dans des formes corporelles, amplifiant la défiance et l’agitation de la savetière grâce à des silhouettes qui s’écrasent contre le cadre, tout à la fois monumentales et vulnérables. Muchachas de Agua nous parle de la fascination du poète pour les forces élémentaires. Ici, l’eau est source de vie mais aussi courant incontrôlable, représentant un groupe de femmes dont les corps tout en fluidité, superposés, suggèrent la transformation et la force du destin. Dans ses courants sensuels, ce tableau rappelle les propres dessins de marins exécutés par Lorca, des travaux souvent interprétés comme des allégories queers du désir et de l'identité. Clown II est un témoin supplémentaire de l’intérêt de Cristina BanBan pour les archétypes théâtraux : avec sa silhouette allongée, au carrefour de la comédie et de la mélancolie, la toile fait allusion aux masques que l’on revêt dans un esprit performatif, que Lorca a à la fois portés et dénoncés dans ses propres écrits ; la plasticienne désigne ainsi la tension entre spectacle et intériorité. Ensemble, ces nouvelles toiles réaffirment la capacité de l’artiste espagnole à réimaginer l’oeuvre de Lorca, non pas en étant des références figées mais comme énergies vivantes, comme figures incarnant le désir, la lutte et la métamorphose dans un langage contemporain.

Cristina BanBan dans son studio à Brooklyn, NY, 2025. ©Albert Font. Courtesy of the artist and Perrotin

Bien que Cristina BanBan soit basée à New York, son vocabulaire visuel est très influencé par son enfance à Barcelone et son lien avec les rythmes culturels de l’Espagne. Sa relation avec les écrits de Lorca, à travers leur symbolisme, leur intensité émotionnelle et leur capacité mythique, a produit un ensemble d’oeuvres qui rend hommage au poète dramatique tout en explorant de nouveaux territoires esthétiques. Ces toiles ne sont pas des illustrations des textes de Lorca, elles vont plus loin en absorbant et en réimaginant les atmosphères qu’il a créées, mettant en scène des drames parallèles aux accents contemporains.



Les recherches pour ce projet au Centro Federico García Lorca et l’exposition à l’Alhambra, tous deux situés à Grenade (Espagne), ont été lancées et organisées par la Fundación MEDIANOCHE0.

Vues de l'exposition 'Lorquianas' au Alhambra’s Museum of Fine Arts, Grenade (Espagne), 2025. Photo: Aureliano Santa-Olalla. Courtesy Medianoche0, Patronato de la Alhambra y Generalife, and Perrotin
Cristina BANBAN

Née en 1987 à El Prat, Barcelona, Espagne
Habite et travaille à Brooklyn, USA

Les peintures de Cristina BanBan sont fermement axées sur la forme féminine. Elle représente des figures voluptueuses dans une palette de teintes chair dont les formes souvent se chevauchent et s'étirent de manière expansive vers les limites de la toile. L'œuvre de BanBan rassemble des éléments associés à la figuration européenne moderniste et des traces de l’abstraction gestuelle. Des formes dynamiques émergent et se retirent des toiles parmi une attaque rapide de coups de pinceau lâches. Elles sont ponctuées par des zones de couleur qui construisent des compositions superposées et texturées, pleines de mouvement expressif.



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