18 mars - 15 avril 2023
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Paris
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75003 Paris France

La galerie Perrotin est heureuse de présenter la première exposition de l’artiste japonais, basé à New York Susumu Kamijo à la galerie de Paris. À cette occasion, l’artiste présente un nouvel ensemble de peintures qui explore la psychologie de l’animal canin.

Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

Le chien, canis lupus familiaris, cette créature ambigüe. Psychopompe, passeur des âmes dans l’Égypte antique, il conduit les défunts vers le paradis quand il ne garde pas la porte de l’enfer. Domestiqué, altéré, transformé, il reste tout de même imprévisible et nous renvoie à travers ses besoins primaires à cette nature malade qui nous menace avec ses pandémies et le dérèglement climatique. Du chien chasseur, le caniche, dont l’étymologie du nom évoque la chasse au canard à laquelle on le destinait, est devenu progressivement un animal de compagnie, puis un chien d’apparat exhibé comme un accessoire de luxe et de fidélité dans les portraits.

C’est dans les compétitions canines que Susumu Kamijo a découvert ces animaux, leur univers et les codes qui peuvent paraître si extravagants. Car le chien de concours est bien le symbole de l’artifice, de l’excentricité (du comportement à la robe) et l’excellence de ces compétitions peut parfois rappeler le monde de la mode: l’image caricaturale de la sophistication des looks et des accessoires qui situent implacablement le chien du côté de la culture dans l’inaltérable débat nature/culture et les poses sophistiquées prises par les modèles de Kamijo renforcés par des palettes aux couleurs franches qui semblent parfois évoquer les couvertures de magazines de mode. Dans ces portraits imaginés, les chiens trônent en prenant des poses, altiers comme des bourgeois d’Ingres avec le cachet des élites campées par Tamara de Lempicka comme des stars de cinéma.

Les caniches de Susumu Kamijo ne sont cependant plus les auxiliaires de chasse des humains, ces êtres amadoués, adaptés, non plus que ces accessoires distingués exhibés dans les portraits.

Le puddle est une astuce, un motif et en cela il rappelle que pour Susumu Kamijo, le sujet est avant tout la peinture. La méthode est classique. Partir d’un élément familier, le reproduire inlassablement au point que celui-ci, automatisé, devienne un registre de formes et de volumes qui nécessitent l’affirmation d’une intuition quant à l’arrangement des couleurs et les conséquences optiques de ses choix. Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un caniche, pour paraphraser Maurice Denis, en le trahissant à peine, « est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. ».

Vue de l'exposition de Susumu Kamijo 'The Sun Inside' à Perrotin Paris, 2023. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

C’est ainsi qu’en peintre, Susumu Kamijo renoue avec certaines recherches qui ont conduit l’histoire de la peinture aux frontières de l’abstraction, celle des contrastes simultanés, de formes, des rythmes colorés. Les chemins de l’abstraction ont dans l’histoire de la peinture souvent progressé grâce à un motif repoussé jusqu’à ses propres limites figuratives, et les caniches de Kamijo semblaient jusqu’à récemment aller dans le sens des recherches de Piet Mondrian avec, notamment, ses pommiers en fleur, ou les têtes mystiques d’Alexei von Jawlenski. Mais la peinture de Kamijo semble s’affirmer dans une autre direction, car s’il ne renonce pas à la figuration avec cette nouvelle série, c’est qu’il la souhaite plus complexe, plus psychologique.

Qu’il s’agisse de gueules ou de visages, car l’on peut être tenté de voir une forme d’anthropomorphisme, les figures restent stoïques. Cette psychologie, Kamijo la crée en jouant avec des environnements minimalistes mais familiers et rassurants dans lesquels nous retrouvons des objets tels qu’un vase ou encore le crâne d’un animal qui évoque pour l’artiste les vitrines d’un musée. Une fenêtre ouverte, tableau dans le tableau, conscrit de même le paysage extérieur qui devient un motif rassurant. En creusant la profondeur de l’image, il divise la composition en plans lisibles et réguliers dans lesquels il dispose ses créatures, dans un entre deux, à distance du spectateur, mais assez proche pour le toiser.

Ce confort de l’environnement domestique est un enjeu essentiel dans ses dernières recherches : l’artiste indique avoir puisé l’influence de ce salon qui humanise ses modèles chez Francis Bacon. La figure, comme dans certaines peintures d’Henri Matisse, fusionne avec le décor pour créer une harmonie de la composition et une poésie du quotidien. Avec cette intrusion du détail, précis et puissant, c’est aussi au cinéaste japonais Yasujiro Ozu qu’il rend hommage, en lui empruntant ses extraordinaires plans filmés en intérieur, aux points de vue volontairement bas et persistants, qui célèbrent le quotidien en trouvant la beauté dans le banal et en déroulant avec philosophie des instants de vie rythmés par des encadrements de portes et de fenêtres.

Cependant, même s’il reconnait l’importance de la peinture classique et de ses maîtres, forcer à inscrire la pratique de Susumu Kamijo dans ces seules traditions a aussi ses limites. Il faut savoir prendre ses peintures pour ce qu’elles sont: des portraits hallucinés de caniches qui jouent volontiers avec la tradition du portrait, entre hommage et espièglerie. Après tout, selon lui: « La vie n’a pas de sens, il faut vivre en s’amusant ! C’est ainsi que je mène ma vie ».

Susumu KAMIJO

Né en 1975 à Nagano, Japon
Habite et travaille à New York, USA

Susumu Kamijo vit et travaille à Brooklyn, New York. Il est titulaire d’un Bachelor of Fine Arts de l’Université d’Oregon (2000) et d’un Master of Fine Arts en peinture et dessin de l’Université de Washington (2002).

Tirant notamment ses influences de Francis Bacon et Willem de Kooning, il s’est largement fait remarquer avec ses caniches depuis leur apparition en 2014. Kamijo utilise de la peinture vinylique qui, par sa faculté à sécher instantanément, fait de chacun de ses tableaux une « résolution rapide », selon les propres mots de l’artiste. Cette technique picturale permettant de saisir l’authenticité du geste s’inspire de l’apprentissage de la calligraphie japonaise pendant sa jeunesse. Son intérêt personnel pour l’écriture créative confère en outre à ses tableaux un aspect narratif, qui rappelle le minimalisme d’un poème et l’immédiateté d’une nouvelle. En associant techniques de dessin et de peinture, l’artiste crée un ensemble de symboles et de signes, souvent formés de touches de couleur à la fois éthérées et puissantes. Empreint d’un style méditatif et ludique, son travail évolue sans cesse dans une direction qui étonne, provoque et transforme nos façons de voir.



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