21 avril - 24 mai 2023
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PARIS

76 RUE DE TURENNE 75003 PARIS

La galerie Perrotin est heureuse de présenter Head Over Heels une exposition personnelle de l’artiste Josh Sperling à Paris dans le Marais.

Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.

Pour Josh Sperling, peindre ne se résume pas à appliquer de la couleur avec un pinceau, puis à la poser sur la toile. Il s’agit d’un processus élaboré qui implique à la fois la main de l’artiste et les technologies numériques. S’appuyant sur diverses influences - compositions modulaires du minimalisme, formes libres des toiles de Frank Stella, Op Art de Vasarely - Sperling réalise des tableaux, mais réinvente et reconstruit également l’art de la peinture à l’aide d’outils et de méthodes nouvelles. Il en exploite les avantages et explore des territoires à la croisée de la sculpture, de l’architecture et du design.


Les créations de Sperling sont semblables à des puzzles à la cartographie précise, sans espaces intermédiaires. L’artiste définit tout d’abord les formes de son tableau en traçant quelques traits en noir et blanc sur tablette ou sur papier. Ce n’est pas tant la peinture qui détermine les formes dans ses toiles, mais l’agencement des châssis qui leur servent de support. Rares sont les peintres à accorder un tel niveau d’attention à la conception et à la réalisation de ces structures sous-jacentes : extrêmement sophistiquées avec leurs barres et leurs panneaux de bois, celles-ci ressemblent à de véritables sculptures. Pourtant, l’artiste veille à les dissimuler soigneusement sous des toiles parfaitement tendues.

La fabrication de ces châssis et la fixation des toiles sur leurs formes excentriques requièrent une grande dextérité. Un savoir-faire que Sperling explique par les influences de sa famille : spécialisée dans la menuiserie et la confection de meubles depuis cinq générations, celle-ci lui a largement inspiré sa façon de procéder. Chaque tableau est composé de multiples éléments - parfois plus d’une centaine - imbriqués les uns dans les autres, découpés numériquement par une machine pilotée par ordinateur. Ces éléments servent à créer du volume, à moduler la couleur par un effet d’ombre et lumière, à jouer avec notre perception. L’armature complexe confère un aspect tridimensionnel et biseauté à ces formes : les toiles semblent ainsi flotter devant le mur et se projeter dans l’espace. L’avant et l’arrière de l’oeuvre d’art - sa partie visible et sa structure cachée - sont contigus et indissociables.


Au rez-de-chaussée de la galerie, l’artiste présente une nouvelle série de travaux réalisée à partir d’une unité de composition élémentaire de forme circulaire de son invention : ce motif devient ici son signe distinctif. Bien qu’il n’apparaisse que deux à deux sous la forme d’une Double Bubble (« double bulle ») dans les tableaux précédents, il est ici une véritable composante de base permettant d’expérimenter une grande palette de formes. Des motifs évoquant des chaînes de vélos, des zigzags et des lettres de l’alphabet sont répétés et entrelacés pour générer des ensembles carrés ou rectangulaires. Comme le jeu de dès de Mozart qui consiste à créer différentes variations en réagencant les mesures de manière aléatoire Sperling élabore ainsi une configuration unique pour chaque oeuvre. En imaginant plusieurs permutations à partir d’une forme simple, il combine de facon ludique le plaisir de la variété et la joie de l’ingéniosité alliée à la virtuosité.

Ces toiles sont volontairement laissées brutes, afin de mettre en valeur ou de dissimuler les différents motifs des compositions. Dans la première salle, Sperling alterne des chaines rectilignes de cercles revêtues de coton et de lin brut pour créer deux motifs concentriques gris et écrus qui se démarquent clairement l’un de l’autre. Dans la deuxième, il présente une série de six monochromes uniquement habillés de coton brut. L’ab- sence de contraste et de variation de couleur atténue la fluctuation des motifs et les rend plus difficiles à discerner.

Les régularités et les rythmes de ces monochromes s’insèrent dans le flot de notre expérience sensorielle, comme une mélodie entêtante que l’on ne pourrait s’empêcher de fredonner. Dans le même temps, ils captent notre regard et nous incitent à les observer avec attention pour chercher une rupture dans la répétition. Notre attention fluctue ainsi entre assimilation automatique et conscience exacerbée. Sperling nous invite à ralen- tir et à appréhender l’oeuvre dans sa présence matérielle: «Je veux que le public pense avoir affaire à des oeuvres toutes identiques et se rende compte peu à peu des différences subtiles de chacune ».


Grâce aux capacités intrinsèques du cerveau, nous pouvons reconnaître les motifs et chercher les irrégularités. Ce phénomène explique notre attrait inné pour les ornementations et la géométrie de la nature, par exemple notre plaisir à contempler les mosaïques de l’art islamique ou la structure d’un cristal. Dans son étude de l’art décoratif, E. H. Gombrich affirme que ce sentiment de délectation esthétique se situe « quelque part entre l’ennui et la confusion ». Sperling est lui aussi fasciné par la symétrie. On trouve notamment dans son studio des ouvrages sur la joaillerie Art déco et la biologie végétale. L’artiste joue avec l’équilibre entre ordre et chaos, entre régularité et irrégularité, qui caractérise nombre de structures du monde naturel et des motifs décoratifs consciemment produits par l’être humain.

Dans la troisième salle, Sperling opère un crescendo : du subtil jeu d’ombre et de lumière des monochromes, il passe aux vibrantes tâches de couleurs d’une série qui reprend les codes de l’expressionnisme abstrait. L’artiste compare cette transition à une dégustation oenologique, où l’on «commence avec les vins légers, pour terminer par ceux qui ont plus de corps ». Ici, d’évanescentes tâches de pèche pâle, de rose pastel, de vert émeraude et de bleu outremer pointillent les toiles à la façon d’un tie-dye, avec leurs effets pommelés et marbrés. Pour obtenir ce résultat, Sperling travaille au sol: il fait couler de la peinture acrylique sur la surface d’une toile mouillée et utilise un pochoir pour délimiter ses Double Bubbles («double bulles ») avant de les découper et d’assembler le tout. En recourant à des techniques de la peinture expressionniste abstraite, il introduit un élément de spontanéité dans sa structure géométrique rigide et brouille la lecture du motif en dissociant la forme de la couleur.

Inspiré des théories des maîtres du Bauhaus comme Johannes Itten et Josef Albers, Sperling s’intéresse de très près à l’étude de la couleur et de ses effets sur la perception humaine. Il mélange manuellement ses pigments et note scrupuleusement ses recettes dans des carnets dédiés. Ce travail a donné naissance à ses hexagones concentriques: des dégradés de vert, de jaune et de violet sont peints sur des chaînes de bulles, imbriquées les unes dans les autres selon un motif centrifuge. Ces variations de couleurs progressives donnent l’impression que le plan du tableau avance ou recule, ce qui crée une vibration et un mouvement qui ne sont pas sans rappeler les travaux d’un autre admirateur de Josef Albers, Victor Vasarely.


Ces oeuvres font résonner les mots célèbres du père de l’art optique : « Chaque forme est une base pour la couleur, chaque couleur est l’attribut d’une forme ». Au deuxième étage, deux autres séries de tableaux échappent aux confins traditionnels du carré et du rectangle. Les larges boucles, fantasques et colorées, des oeuvres intitulées Swoops (« Tourbillons ») sont exposées aux côtés de panneaux de formes planes entremêlées portant le titre Repeater Composites (« Compositions à répétions »). Si tous ces travaux sont réalisés à partir de dessins faits d’un seul trait, ces derniers répètent un dessin à de multiples reprises, le dupliquant de manière imparfaite. Il en résulte une série de toiles curvilignes composées de panneaux imbriqués, qui se déploient dans les plans verticaux, horizontaux et diagonaux de la paroi.

Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
View of Josh Sperling's exhibition 'Head Over Heels' at Perrotin Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.
Vue de l'exposition 'Head Over Heels' de Josh Sperling à la galerie Perrotin, Paris. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin.

L’une des oeuvres, installée face à une large fleur jaune calligraphique de la série Swoops (« Tourbillons »), semble avoir été réalisée à l’aide d’un spirographe : au centre de chaque boucle figure une bulle emblématique du travail de Sperling, évoquant un mamelon. Dans les Repeater Composites (« Compositions à répétions »), les plans paraissent se superposer à d’autres formes ou sont tronqués par d’autres plans placés par-dessus. Sperling crée une illusion de transparence en alternant des aplats de couleurs neutres et des surfaces texturées à l’aspect moucheté, dans une juxtaposition élaborée de teintes et de motifs inspirée des derniers travaux de Roy Lichtenstein.

Bien que Sperling ne souhaite pas placer son savoir-faire au centre de son travail, les techniques, le soin et les connaissances des matériaux qu’il mobilise relèvent d’une approche profondément artisanale. Si les châssis sont sculptés par une machine, les oeuvres sont minutieusement finies et peintes à la main. Cette ambiguïté, sorte d’oscillation entre numérique et analogique, confère à l’art de Sperling une rigueur conceptuelle et un attrait visuel, mais aussi une originalité absolue.


- Leanne Sacramone, Senior Curator, Fondation Cartier pour l’art contemporain

Josh SPERLING

Né en 1984 à Oneonta, New York, USA
Habite et travaille à Ithaca, New York, USA

Josh Sperling s’inscrit dans la tradition de la peinture minimaliste des années 1960 et 1970, et des “shaped canvas”. Il a recours à des découpes complexes de contreplaqués sur lesquels une toile est tendue puis peinte avec une palette de couleurs saturées, qui parfois détonnent. Son travail tridimensionnel tend à abolir les frontières entre la peinture et la sculpture, l’image et l’objet. Puisant ses références aussi bien dans le design que l’histoire de l’art, Sperling a conçu un langage visuel unique reconnaissable par son expressionnisme et son incontrôlable énergie.




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