2 septembre - 7 octobre 2023
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Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

La galerie Perrotin est heureuse de présenter une double exposition personnelle de Daniel Arsham à Paris et à New York, à l’occasion du 20e anniversaire de la collaboration entre l’artiste et Emmanuel Perrotin. Daniel Arsham présentera pour la première fois plusieurs séries d’oeuvres reflétant l’évolution de sa pratique artistique depuis deux décennies. Réputé pour sa transformation visuelle d’objets culturels en artefacts subtilement érodés, Daniel Arsham nous confronte à la puissance de la nostalgie en amalgamant passé, présent et futur. Dans ces expositions, l’artiste revient sur son oeuvre pour examiner et réfléchir sur son appréciation de longue date des complexités de la matérialité et de l’espace.

Vue de l'exposition de Daniel Arsham "20 Ans" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Daniel Arsham "20 Ans" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Daniel Arsham "20 Ans" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Daniel Arsham "20 Ans" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition de Daniel Arsham "20 Ans" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
Portrait d'Emmanuel Perrotin. Photographe : Tanguy Beurdeley. Courtesy Perrotin

« Depuis l’ouverture de la galerie, notre mission est de rendre les projets des artistes possibles, en offrant aux plus jeunes l’opportunité de produire leur travail. J’ai rencontré Daniel lorsqu’il avait 22 ans. C’était un artiste émergent qui vivait dans son atelier, et j’ai tout de suite été touché par son talent incroyable et sa vision. La pratique artistique de Daniel repousse les limites des beauxarts et s’étend à tous les domaines. Avec un succès grandissant, il a admirablement su adresser son travail à un large public en développant des éditions, des collaborations, et grâce à une forte présence en ligne. C’est un plaisir de grandir avec Daniel et de développer notre galerie à ses côtés. »


— Emmanuel Perrotin

Portrait de Daniel Arsham. Photographe : Guillaume Ziccarelli. Courtesy Perrotin

« En cette vingtième année de collaboration avec Emmanuel Perrotin et de représentation par sa galerie, j’ai fait le bilan de mon parcours. J’ai commencé comme peintre et c’est avec ce médium que j’ai réalisé mes premières expositions avec Emmanuel. Mes centres d’intérêts se sont élargis et avec eux la palette des matériaux que j’utilisais : la galerie a soutenu mon travail sur différents médiums, dans diverses disciplines et sur plusieurs continents. J’ai hâte de dévoiler ce nouvel aspect de mon travail, qui poursuit mon étude de la désagrégation du temps, et qui met en lien mes intérêts multiples. Je crée des choses que je désire vraiment voir exister, en espérant qu’elles apportent aux autres des moments de joie et d’introspection. »

View of Daniel Arsham's exhibition "20 Ans" at Perrotin Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin

En septembre, Daniel Arsham inaugurera une double exposition à Paris et New York chez Perrotin ; elle célèbrera vingt années de collaboration avec Emmanuel Perrotin. 20 Ans / 20 Years proposera de nouvelles oeuvres reflétant toute l’envergure de sa production artistique et couvrant deux décennies de sa pratique. Le retour de l’artiste à la peinture est particulièrement intéressant, puisqu’il s’agit du principal médium qu’il utilisait à ses débuts et qu’il a ensuite intégré à un ambitieux programme de sculpture, d’architecture et de design.

Croquis sur papeterie d’hôtel


Depuis le début de sa carrière, Daniel Arsham s’astreint à une pratique quotidienne du croquis. Son activité l’ayant amené à faire le tour du globe, il s’est mis à utiliser de la papeterie d’hôtel. The Hotel Sketches sont à la fois des archives matérielles de voyages qui documentent les succès de l’artiste, et des marqueurs de l’évolution de son style au fil du temps. Arsham s’est particulièrement attaché à travailler sur du papier à en-tête d’hôtels historiques ; il y couche ses idées pour de futurs projets, mêlant ainsi passé et présent.


Veiled et Stratified Classical Antiquity


En 2019, Arsham a bénéficié d’un accès unique aux moulages statuaires à la Réunion des Musées Nationaux du Grand Palais, et notamment à celui de la Vénus de Milo, pour sa première série de sculptures intitulée Classical Antiquity. Dans son exposition 20 Years/20 Ans, il vient enrichir cette série en ajoutant ses créations Veiled, des sculptures recouvertes d’un drapé sculpté, ainsi que ses statues intitulées Stratified, dans lesquelles il combine matériaux organiques et inorganiques, réalisé à partir d’un procédé incluant du bois, du bronze et de l’acier inoxydable poli.

Peintures


Arsham présente pour la première fois dans 20 Years/20 Ans ses séries Split et Anatopism. Split utilise l’intelligence artificielle pour juxtaposer des images de bustes issus de sa série Classical Antiquity et des personnages d’anime, associant ainsi deux formes figuratives emblématiques de deux époques très différentes. Dans ses peintures composant la série Anatopism, Arsham utilise les langages populaires de l’impression et de l’animation numérique pour marquer les moments importants de sa carrière : bustes hellénisants, croquis de voitures et de Pikachu érodés, références à ses collaborations avec Porsche et Dior.


Clés érodées


Ces cinq dernières années, les voitures sont devenues un élément central dans la pratique de l’artiste. Cela a commencé en 2018, lorsqu’il a transformé Perrotin New York en un garage imaginaire ; il a ensuite réalisé des partenariats avec Porsche, et tout récemment présenté une exposition au Petersen Automotive Museum de Los Angeles. Chez Perrotin, Arsham présente une série de clés érodées, composées de cendres volcaniques et de pyrite.


À New York, Daniel Arsham organisera une performance scénique pour toute la durée de l’exposition : un mécanicien y construira une voiture, un travail méticuleux d’assemblage pièce par pièce qui sera complété au fil des jours.


Montres érodées


Arsham s’est toujours beaucoup intéressé aux montres-bracelet et cela transparaît dans ses nombreuses collaborations avec diverses maisons d’horlogerie. Il est particulièrement sensible à leur caractère esthétique ainsi que par leur aptitude à marquer le passage du temps. Chez Perrotin, Daniel Arsham expose de grandes sculptures de montres érodées, en sélénite, quartz et hydrostone.

Veiled Poems


Daniel Arsham s’est intéressé à l’architecture très tôt dans sa carrière, car l’une de ses premières explorations artistiques a été la manipulation de surfaces. Dans les années 2000, l’artiste est passé de modèles gravés à des interventions architecturales grandeur nature, travaillant des surfaces murales pour y faire naître des drapés, incorporant dans les murs eux-mêmes des formes humaines, des chaises, des mots ou des horloges. Cet automne, Arsham retourne à ces motifs architecturaux mais à plus grande échelle : il présente une immense Falling Clock, tirée par une sculpture de forme humaine, et propose une série de mains (Extruded Hands) qui émergent des murs de la galerie, tenant des appareils anciens et réunissant ainsi sa passion pour la manipulation architecturale et l’esthétique technologique. De même, ses nouveaux Veiled Poems revisitent les manipulations linguistiques en proposant une interprétation sculptée de courts poèmes.

Star Wars


Arsham présente pour la première fois une collaboration avec Star Wars, dont les personnages emblématiques sont représentés selon les techniques érodées d’archéologie fictionnelle qui constituent sa marque de fabrique. C-3PO™ et R2-D2™ sont ainsi composés de minéraux tels que la calcite bleue, la sélénite et l’hydrostone. Ces sculptures soulignent la volonté d’Arsham de créer des artefacts archéologiques de fiction à partir de symboles culturels contemporains.


View of Daniel Arsham's exhibition "20 Ans" at Perrotin Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. Courtesy of the artist and Perrotin
DISSIMULATION

PATRICK MOORE

Directeur du Andy Warhol Museum et commissaire d’exposition



Au-delà de l’allure des objets individuels qu’il crée, c’est la portée de la production et l’intensité de l’ambition d’Arsham qui m’ont toujours fasciné. Et bien sûr, puisque je baigne constamment dans le travail d’Andy Warhol depuis plus de dix ans, la diversité de sa pratique m’est familière.


Au printemps dernier, je me suis mis à penser à Warhol et à Daniel Arsham alors que je me tenais dans le pavillon de la boutique phare de Tiffany & Co à Manhattan, sur la Ve avenue. Cet espace est empreint du glamour historique d’Hollywood (Diamants sur canapé l’a pour toujours consacré comme décor de cinéma) et s’ancre avec succès dans le présent grâce au travail de Peter Marino, designer avant-gardiste, architecte et collectionneur. Dans le grand et élégant escalier du magasin se trouve une oeuvre monumentale d’Arsham, arborant sa technique emblématique d’érosion : une statue classique en bronze qui révèle un intérieur cristallisé. Le travail de l’artiste semble avoir été fait pour cet espace. De loin, la sculpture se fond dans la majesté de l’escalier qui l’entoure, et ce n’est qu’en s’approchant que l’on remarque son interaction plus dynamique avec l’environnement. Elle semble finalement détonner par sa surface érodée qui donne à voir par endroits un monde intérieur, souterrain, caché.


Admirer cette sculpture m’a fait repenser à l’amour d’Andy pour les pierres et les bijoux. Il aurait certainement adoré ce contraste entre le Tiffany ancien et moderne (si l’on excepte que son travail à lui n’y est pas exposé). Andy a toujours eu un rapport étrange aux objets de luxe, ce qui me rappelle la relation de Daniel Arsham avec certaines des plus grandes marques. Ainsi, Andy possédait des bijoux imposants, mais il les cachait habituellement sous un discret col roulé noir, ou bien les dissimulait dans le baldaquin de son lit. Cela lui conférait une impression de pouvoir, mêlée à la honte d’être un homme portant des bijoux de femme, et accentuant le frisson de leur présence secrète tout près de lui. Arsham lui aussi dissimule des choses, et ce faisant, les rend d’autant plus désirables.


Les cristaux emblématiques de Daniel Arsham ne sont pas appliqués par l’extérieur : ils émergent toujours de l’intérieur, jaillissant d’une érosion qui s’apparente à une plaie sur le corps ou l’objet. Ces objets sont abîmés, comme rongés par l’acide, puis transformés en quelque chose d’encore plus beau, alors même qu’ils ont été dépouillés de leur perfection. C’est précisément l’usure de ces objets, associée à des matériaux, des couleurs et un contexte nouveaux, qui les rend si fascinants. On observe une forme de répétition et de sérialité similaire à celle présente chez Warhol, qui multipliait tout, de Marilyn aux boîtes Brillo ; Arsham opte quant à lui plutôt pour des Rolex et des Porsche. Chez les deux artistes, cette stratégie est à la fois une mise en valeur de la marque et une critique de la vacuité des possessions matérielles. Dans les dessins, peintures et sculptures qui peuplent la double exposition et montrent l’intérêt obsessionnel de l’artiste pour les Porsche, on constate que la surface de ces objets a été « abîmée » : autrefois si parfaits et si désirables, ils ont été profanés, mais c’est justement cette intervention qui leur confère une beauté supplémentaire.

Le parallèle le plus évident entre Arsham et Warhol est leur caractère d’homme d’affaires assumé, brouillant la limite entre art et commerce. On peut cependant aller plus loin en remarquant la présence d’une nostalgie persistante dans leurs oeuvres respectives. Cette nostalgie n’est ni douce ni agréable mais plutôt sinistre ; elle nous rappelle que les merveilles de la vie et de la culture populaire américaines appartiennent désormais au passé. Les dessins de Daniel Arsham sur les papeteries d’hôtel le montrent clairement : ils sont à la fois des archives physiques de voyages qui documentent les succès de l’artiste, et des marqueurs de l’évolution de son style au fil du temps.


Le dessin a toujours été une discipline importante pour Arsham ; il l’exerce dans des carnets de croquis quotidiens, une habitude prise dès l’âge de neuf ans. Dans sa pratique actuelle, on retrouve l’utilisation du dessin comme espace de créativité illimitée, au sein duquel il élabore ses idées d’installations monumentales. Tout comme l’extraordinaire série de dessins de Martin Kipperberger sur papier d’hôtel, ces oeuvres sont les témoins de la vie d’un artiste à succès qui se déplace d’un continent à l’autre, dans des chambres d’hôtel luxueuses qui ne sont pourtant jamais son foyer. Les dessins de Daniel Arsham ont souvent pour sujets ses projets de sculpture, depuis des personnages emblématiques de dessins animés et de films américains jusqu’aux sculptures classiques, en passant par les anime, créant un ensemble décalé et hors du temps. Ces dessins sont des études mais nous restent aussi en tête comme des chansons, et réapparaissent sans prévenir au milieu de la nuit, tels les tubes pop de nos années lycée. Tous ces sujets ont un point commun : ils nous invitent à regarder en arrière.


La nostalgie est également très présente dans le retour de l’artiste à la peinture. (Une autre référence à Warhol : Andy avait un jour annoncé avec malice, au milieu des années 1960, qu’il en avait fini avec la peinture et qu’il serait désormais réalisateur… pour ensuite produire ses toiles les plus fascinantes dans les années 1970 et 1980.) J’ai récemment vu certaines des nouvelles peintures de Daniel Arsham à son studio alors qu’il travaillait dessus. Elles n’étaient pas encore terminées et m’ont rappelé les toiles de Warhol, avec leurs communes rurales et leurs paysages côtiers idéalisés, peints par numéro (série « Do It Yourself »). Mais ce n’était pas la seule ressemblance : les oeuvres de Daniel Arsham ont été créées à l’aide d’une peinture acrylique ultra-mate spécialement formulée pour elles, dans des demi-teintes qui évoquent la palette rétro des séries de Warhol. En particulier chez Arsham, l’enseigne typique Mobilgas de Pitstop Mobil et son Storefront Tiffany & Co, qui présente les cabines téléphoniques désormais disparues, possèdent une qualité crépusculaire et mélancolique très familière.

L’un des moments forts de la double exposition à venir est la collaboration (approuvée, et non forcée) avec la franchise Star Wars. L’artiste représente les personnages principaux de la saga à sa manière, dénués de leurs couleurs, érodés, révélant des surfaces internes surprenantes. Cela fait aussi écho à Warhol – je ne pense pas seulement à ses références constantes à des marques (parfois dans le cadre explicite de partenariats rémunérés), mais aussi à sa nostalgie évidente de la simplicité de l’enfance. On imagine aisément la série « Myths » de Warhol, qui réimaginait Mickey Mouse, le Père Noël, la Méchante sorcière de l’Ouest et autres icônes culturelles américaines dans des couleurs pop flamboyantes, accompagner les Dark Vador et R2D2 de Daniel Arsham.


Toute comparaison entre un artiste et un autre a pourtant ses limites. L’esthétique camp était très ancrée chez Warhol, tandis que le travail d’Arsham est empreint de sobriété. On peut éventuellement faire un parallèle entre Warhol et Daniel Arsham dans la mesure où tous deux sont à la fois outsiders et insiders, cachant leur vraie personnalité tout comme ils cachent du sens dans leur travail. Andy Warhol n’a jamais oublié qu’il était Andrew Warhola, originaire de Pittsburgh, et je me demande si Daniel Arsham ne ressent pas lui aussi une forme de dislocation en occupant la place d’icône « cool » de la culture contemporaine.


De la même façon que Warhol a parfois été critiqué pour son approche commerciale, je pense que beaucoup de gens passent à côté de l’aspect sérieux des reliques érodées de la culture américaine que nous livre Arsham – une culture dont la puissance réside bien plus dans son passé que dans son avenir. Ces objets flottent, désagrégés, dans le temps et l’espace, existant tout à la fois dans un carnet de croquis d’une chambre d’adolescent la nuit, et dans les structures d’un blanc immaculé des couloirs de musées. Un autre objet se cache sous celui que nous avons sous les yeux, et c’est bien ce qui est dissimulé qui est en réalité le véritable sujet.

Daniel Arsham's '20 Years' at Perrotin New York and Perrotin Paris
Daniel ARSHAM

Né en 1980 à Cleveland, Ohio, USA
Habite et travaille à New York, USA

Né en 1980 à Cleveland, dans l’Ohio, Daniel Arsham a grandi à Miami, où il a fréquenté le Design and Architecture High School. Il a reçu une bourse de Cooper Union New York, où il a reçu le Gelman Trust Fellowship Award en 2003. Une fois diplômé, Arsham a accompagné la tournée mondiale de la Merce Cunningham Dance Company en tant que scénographe, une expérience qui a beaucoup influencé l’approche synergique de son travail. En 2007, il a fondé avec Alex Mustonen un cabinet d’architecture avant-gardiste, Snarkitecture. La collaboration est toujours l’une des pierres angulaires de sa pratique, notamment pour la réalisation de projets prestigieux avec Pharrell Williams ou Hedi Slimane, ainsi qu’avec Dior, Porsche ou Tiffany & Co. Arsham a présenté de nombreuses grandes expositions personnelles, notamment au Contemporary Art Center de Cincinnati (Ohio), au High Museum of Art d’Atlanta (Géorgie), au HOW Art Museum de Shanghai ou au Moco Museum d’Amsterdam. Ses oeuvres font également partie des collections permanentes du Centre Pompidou, Paris, du Pérez Art Museum de Miami (Floride) et du Walker Art Center de Minneapolis (Minnesota). Il vit et travaille à New York.



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