2 - 23 septembre 2023
+ ajouter à mon calendrier
Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

Née en 1995, l’artiste Emi Kuraya présente ici sa première exposition personnelle Walking in the Sky à Paris. Avec une toute nouvelle série de toiles et de dessins, qui met en avant un personnage féminin, elle plonge son spectateur dans l’univers à la fois réel et onirique d’une jeune citadine japonaise.

Vue de l'exposition d'Emi Kuraya "Walking in the Sky" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. ©2023 Emi Kuraya/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition d'Emi Kuraya "Walking in the Sky" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. ©2023 Emi Kuraya/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition d'Emi Kuraya "Walking in the Sky" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. ©2023 Emi Kuraya/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition d'Emi Kuraya "Walking in the Sky" à la galerie Perrotin, Paris, 2023. Photo: Claire Dorn. ©2023 Emi Kuraya/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy of the artist and Perrotin

Alors qu’elle était encore étudiante à la Tama Art Université de Tokyo, Emi Kuraya fut invitée à rejoindre en 2018 le groupe Kaikai Kiki, fondé par Takashi Murakami, qui dut être fasciné par cet univers ouvertement inspiré des personnages de films d’animation puis traduit par le médium de la peinture à l’huile. Ainsi l’artiste représente depuis quelques années, dans une veine figurative quelque peu surréaliste, des scènes du quotidien, orchestrées par des jeunes femmes, oscillant entre la fin de l’adolescence et l’entrée, parfois timide, dans le monde adulte. On voit ces modestes héroïnes seules dans des environnements citadins, dans le métro, dans des parcs, aux bords des routes… On les découvre parfois avec un amoureux ou en compagnie d’un chien… en intérieur ou en extérieur, en été ou en hiver…. en manteau ou en affriolante petite jupe.

Personnages archétypaux ou se rapprochant de l’autoportrait, toujours auréolés de grands yeux et d’expressions variant entre la joie et la tristesse, ces figures semblent directement sorties de l’univers des mangas ou des films d’animations qu’Emi Kuraya connaît très bien depuis l’enfance. Ainsi, en parallèle des jeux-vidéos auxquels elle s’adonnait avec son frère, elle aimait particulièrement les magazines Ciao et Nakayoshi, des mangas Shojo ciblant davantage un public féminin. Elle adoube aussi les films d’animation tels que Kirarin Revolution, Mirmo de Pon !, Toradora! et K-ON! ou encore des créations de Mamoru Hosada et d’Akio Watanabe. Son travail s’est construit sur l’observation de ces lignes claires et définies, la concentration précise sur une action unique, mais aussi le dynamisme des représentations.

"Les sources de mes personnages féminins se trouvent partout dans ma vie quotidienne. Des amis proches aux personnages d'anime, en passant par les selfies trouvés sur les médias sociaux et les personnes que je vois dans la rue, tous ceux qui sont dans mon champ de vision et qui ont un impact sur moi deviennent des sources pour mon travail. Des éléments tels que leurs habitudes triviales et leurs expressions faciales momentanées s'accumulent en moi et se reflètent dans les personnages que je dépeins. De la même manière que les phrases s'assemblent pour former un roman, les différentes parties s'assemblent pour former une fille".

— Emi Kuraya, Party Cloudy (2023)

S’inscrivant dans un nouveau type de scène de genre, réalisé à la peinture à l’huile et des dégradés subtils de couleurs et de lumières, Emi Kuraya délivre un quotidien qui peut paraître factuel ou plus énigmatique. Souvent, ses vues de paysages ou de villes proviennent de photographies personnelles, agrémentées de clichés qu’elle trouvait auparavant sur les réseaux sociaux ou d’autres témoignages de la société d’aujourd’hui. Mais le confinement mondial et particulièrement strict dans son pays lui fit davantage travailler un cercle resserré à sa famille, ses amis proches ou sa propre image, dans une introspection approfondie.

Certains travaux témoignent ainsi d’une touche mélancolique que l’on pourra interpréter par une forme de monstration de la solitude contemporaine, même si d’autres oeuvres affichent des rires francs. La lecture en est toujours très ouverte et ambigüe. Cette nouvelle série montre également une attention renforcée à la nature et au paysage, à laquelle on pourra concéder une dimension écologique, mais l’artiste précise qu’elle parle aussi de liberté et d’envolées dans le ciel... Ne représenter pratiquement que des femmes peut se lire comme un geste engagé envers son propre sexe, bien qu’elle ne revendique pas cette lecture et brouille les pistes en jouant des codes peut-être lus trop rapidement comme érotiques, à l’exemple des micro-jupes, regards ingénus ou petites couettes...

Emi Kuraya assure davantage vouloir démanteler et déconstruire les idées reçues ou des notions qu’elle avait elle-même élaborées dans ses oeuvres précédentes. Elle ne veut jamais imposer de regard ou de perspective unique, mais nous enjoindre, si nous le souhaitons, à endosser l’un ou l’autre des rôles… Plastiquement, elle fait aussi de discrets hommages à ceux qu’elle admire dans l’histoire de l’art, à l’exemple de Lucas Cranach, dont les regards des personnages l’envoutent, ou Paul Gauguin, dans son émouvante quête d’une compréhension de soi.

Revenant à son être intérieur depuis quelques années, Emi Kuraya emploie beaucoup à présent le terme de « physicalité », creusant cette recherche subtile entre la compréhension de soi et du monde extérieur, l’analyse du lien ou du frein qui sépare ces deux univers. Certaines de ses oeuvres ont pu témoigner de l’absence d’êtres chers ou invoquer le mysticisme de la nature, tout en s’insérant toujours dans une culture d’aujourd’hui. Ainsi parmi les artistes japonais qui ont rompu les codes avant elle, elle mentionne les transformations formelles apportées par Takashi Murakami et Yoshitomo Nara, puis Mr., pour cette esthétique proche du dessin animé, ou ob, travaillant des fonds comme des glacis. Mais elle se passionne tout autant pour les ruines de Pompéi ou le musée de la poupée de Yokohama, vestige de savoirs-faires séculaires.

Dans des formats qui se déploient progressivement, ses propres personnages gravitent dans des univers à la fois réalistes et fantastiques, unifiés par une technique valorisant - notamment par des couches très fines de peinture - les effets de transparence et de vibration de la touche. L’artiste aime notamment travailler sur un fond au Gesso, qui apporte matière et rugosité sur la toile, permettant d’autant plus les déclinaisons de ses couleurs, toujours assez douces et ténues. Ces tonalités évoquent des effets de tempera, jouant d’une atemporalité qui accompagne la réflexion de l’artiste quant à l’évolution de son rapport au monde. Comment projeter une partie de son être intérieur, tout en donnant à voir une approche générique de l’image de la femme ? Comment être soi et les autres ? C’est bien le propos des protagonistes représentés… A chacun ensuite de s’y identifier, se les approprier ou les analyser avec distance, comme un début de nouveau scénario, qu’Emi Kuraya laisse volontairement très ouvert.

Emi KURAYA

Née à Kanagawa, Japon
Habite et travaille à Kanagawa, Japon

Emi Kuraya, née en 1995, est l’une des personnalités les plus intéressantes et les plus rafraîchissantes du paysage artistique japonais contemporain. Diplômée de la Tama Art University de Tokyo, elle a déjà présenté malgré son jeune âge plusieurs expositions personnelles très en vue, au Japon mais aussi à Perrotin Séoul et Perrotin Shanghai. Ses œuvres ont également été exposées à Art Basel à Bâle et Hong Kong, ainsi qu’à Frieze New York ; la fraîcheur et les diverses nuances de sens qui rendent son travail si captivant ont été largement saluées. Depuis 2018, Kuraya est membre de Kaikai Kiki, un collectif d’artistes fondé par Takashi Murakami.



À propos de l'artiste
MORE ON SOCIAL MEDIA 👀
SHOP
Liste des oeuvres
SAINT CLAUDE - ROOM 1
SAINT CLAUDE - ROOM 2
SAINT CLAUDE - ROOM 3