13 avril - 1 juin 2024
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Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

La galerie Perrotin est heureuse de présenter The First and the Last, la sixième exposition personnelle d’Hernan Bas à la galerie. À travers une combinaison de peintures et d’œuvres sur papier, l’artiste explore les frontières floues entre réalité et fiction, invitant les spectateurs dans un monde où l’extraordinaire et le banal se rejoignent. Son travail incite à réfléchir sur la fragilité de la vie et les nuances des relations humaines. En prenant, entre autres, comme point de départ la récente affaire d’un touriste surpris en train de graver son nom sur le Colisée à Rome, Bas nous entraîne dans une exploration captivante des absurdités de l’existence et de la beauté poignante qui en émerge.


Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

« Même si cet acte était loin d’être admirable, il m’a rappelé le genre de lieux auxquels les gens ressentent le besoin d’attacher leur nom (parfois littéralement). Il s’agit d’un acte de tentative d’immortalité à une échelle mineure.»

— Hernan Bas

Texte d’Anaël Pigeat, critique d'art



Les premiers et les derniers ? Mais de quelle absurde compétition ? Ou bien de quel royaume divin, et avec quel renversement des rôles ? Sur le ton de l’humour noir, le sujet de l’exposition The First and the last est tout simplement venu à Hernan Bas en référence à l’arrivée des Jeux Olympiques à Paris cet été. Après une exposition intitulée The Conceptualists, au Bass Museum à Miami, il souhaitait s’engager sur une voie plus légère, et rendre hommage aux loosers magnifiques qu’il affectionne particulièrement.

Pour lui, une peinture ou un dessin commence avec des listes de titres qu’il élabore par écrit, puis il en choisit un, et le traduit en images par des montages photographiques. Lorsqu'il commence à peindre, il les projette sur la toile, qu’il attaque en général directement à l’acrylique. Dans cette nouvelle exposition, il présente pour la première fois une majorité de des- sins, qu’il considère comme des œuvres à part entière. Il s’est approprié le transfert qu’affectionnait Paul Gauguin, une pratique délicate qui consiste à enduire d’encre des feuilles au recto, à les retourner sur un support, et à dessiner sur leur verso pour laisser l’empreinte des traits sur le support – un simple geste trop appuyé peut ruiner l’ensemble en un instant. Il a ajouté à ce processus jusqu’à 8 ou 10 couches de gris apposées en sérigraphies. Sur ses peintures, alors qu’il utilise en général l’acrylique, il a expérimenté des rehauts à l’huile, par exemple pour des lames d’argent ou des fragments d’uniformes.

Tout un peuple de personnages aux profils éclectiques apparait dans cette série inédite. A quoi ressemblerait le gagnant de l’un de ces concours de danse hebdomadaires qui conduisaient les participants à s’épuiser jusqu’à l’évanouissement pendant la Grande Dépression ? « Ils tuent les chevaux, n’est-ce pas?», est-il écrit sur le t-shirt de l’un d’eux. Ce buveur semble bien mélancolique devant sa première gorgée d’absinthe, dans un café aux décors d’autrefois. Et ce poisson rouge serait-il le premier animal sur Mars ? On peut en douter. Un jeune homme qui taille des branches dans une forêt bucolique semble surtout occupé à des réalisations ésotériques dans une atmosphère de Blair Witch Project. Depuis quelque temps, Hernan Bas voulait mettre un point final à plusieurs ensembles d’œuvres, par exemple celles représentant des flamants roses. Finding the first flock of flamingos to return to Florida in a century pourrait bien en être une conclusion. Cette œuvre sur papier évoque le retour récent de troupeaux de flamants roses en Floride où Hernan Bas habite, après leur disparition en raison de la chasse dont ils ont fait l’objet – ils sont importés de Cuba, dont sa famille est originaire.

Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

A l’idée de la compétition vaine, Hernan Bas associe l’intention – peut- être non moins vaine – de laisser une trace dans l’histoire. Il nous montre des traces fantomatiques au plafond du bar The Eagle, à Cambridge. Elles ont été réalisées dans la fumée, pendant la Seconde Guerre mondiale, à la flamme des briquets et avec des tubes de rouge à lèvres. Dans un autre dessin, un élève assis à une table d’écolier laisse à son tour des mots gravés dans le bois, devant des équations de mathéma- tiques au tableau noir, comme autant d’énigmes poétiques : « the end doesn’t even matter », « his own name », « I want pizza », peut-on lire. Et dans un autre dessin encore, un personnage a gravé des lettres dans les feuilles de plantes grasses curieusement intitulées tourist tree.

Il y a quelque chose d’une fin du monde, dans cette exposition – une fin du monde qui voudrait parfois faire rire. Dans The last day that tower was standing, la tour de Pise semble résister à la main d’un touriste avant son effondrement, comme dans les photos de touristes. Un homme est atta- blé pour un dernier repas pantagruélique avant l’arrivée d’un astéroïde. Un malade, sur un lit d’hôpital s’apprête à prononcer ses derniers mots, ou à les recevoir par une carte postale...

Dans le grand tableau The last museum guard at the last museum on Earth, le Guernica de Picasso que l’on voit en arrière-fond est bien trop sérieux pour réussir à nous faire seulement sourire. Hernan Bas ne montre pas l'accident, il suggère plu- tôt les catastrophes à venir à travers des intermèdes ambigus.

Vue de l'exposition "The First and The Last" d'Hernan Bas à Perrotin Paris, 2024. Photo : Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Hernan BAS

Né en 1978 à Miami, Florida, USA
Habite et travaille à Miami, Florida, and Detroit, Michigan, USA

Les peintures expressionnistes figuratives très détaillées de Hernan Bas sont ouvertement inspirées de l’esthétique décadente de la fin du XIXe siècle en art et en littérature, mais aussi du style symboliste et décoratif des Nabis. Ancrés esthétiquement dans l’iconographie du dandy androgyne, les jeunes protagonistes de ses visions oniriques sont généralement montrés seuls ou en petits groupes, dans des représentations de flânerie la plus totale. Qu’ils soient confinés dans l’intimité d’une scène de genre ou perdus dans le vertige d’un paysage romantique dense et luxuriant, ils vivent dans un monde fantasmé d’érotisme implicite et de sensualité ambiguë. Ils semblent toujours suspendus dans le temps, entre l’adolescence et l’âge adulte, et incarnent ainsi cet état intermédiaire fragile que l’artiste appelle « fag limbo » (« les limbes homo »). Au moyen d’une palette flamboyante et d’une touche raffinée, Hernan Bas revisite et réinterprète avec une maîtrise totale toutes les catégories de la peinture classique dans une perspective homoérotique en apparence mélancolique, mais souvent humoristique et pleine d’esprit.




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