24 mai - 29 juin 2024
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Paris

2bis avenue Matignon

75008 Paris France

La galerie est heureuse de présenter Distant Cities, la première exposition personnelle de Kelly Beeman en France et sa troisième exposition avec la galerie (Séoul, 2022; New York, 2023). L’exposition présente trois nouvelles peintures et vingt œuvres sur papier, dont des peintures à l’encre monochromatiques—un médium qu’elle a commencé à explorer récemment.

Vue de l'exposition 'Distant Cities' de Kelly Beeman à Perrotin Matignon, Paris, 2024. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition 'Distant Cities' de Kelly Beeman à Perrotin Matignon, Paris, 2024. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin
Vue de l'exposition 'Distant Cities' de Kelly Beeman à Perrotin Matignon, Paris, 2024. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

Dans les œuvres de Kelly Beeman, la vie s’écoule paisiblement. Des jeunes filles y goutent le repos dans des parcs et jardins nord-américains. La nature est idyllique, rien ne semble pouvoir troubler la quiétude des protagonistes alanguies. Les jeunes filles chantent, jouent du piano, s’allongent sur un lit ou un tapis d’herbe confortable, prennent la pose dans une rue commerçante ou tiennent entre leurs mains un bouquet de fleurs blanches. Calme, luxe et volupté.

La réalité, on le sait, est tout autre. Dans la «vraie vie», le monde est agressif, violent, la guerre et les tensions le minent. Il ménage peu de respirations, n’encourage pas les moments de bien-être. Ce sont des instants qu’on arrache à la réalité. Le regard de Kelly Beeman est platonicien. L’artiste dépeint le monde non pas tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être en théorie. Au fil du temps, Beeman a commencé à réduire l’importance accordée à l’individualité de ses sujets, les percevant comme les composantes d’une entité singulière.

Actuellement, les seules caractéristiques distinctives de ces sujets sont leur accoutrement, leur échelle - à l’instar de la taille réduite de la jeune fille par rapport aux autres – et parfois leur genre, en particulier lorsque Kelly Beeman dépeint les relations amoureuses. Elle affirme que le monde représenté picturalement dans son œuvre pourrait exclure l’expérience individuelle et qu’il s’agit plutôt d’un royaume idéalisé où la connexion est sans faille. Dans cet espace imaginé, la notion de conflit interne ou de tension au sein des individus semble incohérente.

L’histoire de l’art abonde de visages récurrents. L’œuvre de Beeman rappelle les traits doux et allongés et le regard intense de la femme qui hantait les tableaux de Sandro Botticelli. Comme la Laure de Pétrarque ou la Béatrice de Dante, cette femme énigmatique, qui a totalement captivé le peintre, incarne l’idéal féminin. Il y a également des échos aux visages angéliques mais aux yeux vides qui fouillent nos âmes d’Amedeo Modigliani, ainsi qu’à la peinture préraphaélite de Rossetti et Burne-Jones.

Vue de l'exposition 'Distant Cities' de Kelly Beeman à Perrotin Matignon, Paris, 2024. Photo: Tanguy Beurdeley. Courtesy of the artist and Perrotin

L’exposition s’intitule Distant Cities. De nombreuses œuvres contiennent des éléments architecturaux, sortes d’écrins à la fois rassurants et, dans une certaine mesure, menaçants, pour les figures de Beeman. La ville y est envisagée comme une métaphore d’un futur pas forcément radieux, auquel on s’efforcerait de se soustraire, malgré le calme apparent des scènes. Parfois ce futur nous angoisse, et dans le même temps il nous enthousiasme. Nous entretenons un rapport plus qu’ambivalent avec l’avenir.

Une figure plus petite en taille symbolise les mouvements de va-et-vient dans le temps. « Elle est une version plus jeune des “autres”. Parfois ces derniers semblent la protéger. Ailleurs, elle parait s’enfuir, et ils tentent alors de l’en dissuader... Je songe souvent au temps, à l’expérience, ainsi qu’à cette étrange sensation de discontinuité qu’on éprouve parfois dans la vie, spécialement durant les épreuves traumatiques et de perte. Quelques-unes des peintures de cette exposition relèvent davantage de la mémoire que de la fiction, mais la frontière est assez floue», nous dit l’artiste.

La ligne claire caractérise les œuvres de Beeman qui se révèlent très graphiques et minutieusement composées. Chaque chose est à sa place dans cet univers, même le vol des oiseaux dans le ciel semble soumis à un ordre précis, millimétré. Toutefois, on subodore qu’un rien pourrait instiller une dose de chaos dans la mécanique bien huilée créant un sentiment à la fois de solidité et de fragilité.


Les peintures ont la délicatesse de la soie peinte, la douceur d’une marqueterie de marbre, mais aussi une certaine froideur qui maintient malgré tout à distance. Elles ont quelque chose de désuet, semblent avoir été peintes à une époque révolue. Comme si un cataclysme depuis avait rebattu les cartes. Elles sont des signaux envoyés depuis un autre monde. Comme l’écrit encore si bien l’artiste, «elles aimeraient parfois que le temps s’arrête».

Kelly BEEMAN

Née en 1983 à Oklahoma City, OK, USA
Habite et travaille à Brooklyn, NY, USA

Kelly Beeman s’est fait connaître par ses œuvres originales, caractérisées par un mélange de narration visuelle et d’une esthétique liée à la mode. Même si elle n’a jamais suivi d’études artistiques, elle a commencé son parcours très jeune, en dessinant et en peignant des scènes qui ont d’abord servi à imaginer des jeux avec ses frères et sœurs. Ayant grandi à Oklahoma City, elle a développé une passion pour l’exploration et l’aventure, ce qui l’a finalement poussée à s’installer à New York en 2004. Pendant cette période, sa pratique est marquée par la spontanéité et la catharsis. Son style quant à lui devient plus libre et très expressif. Après avoir obtenu un diplôme de sociologie au Hunter College, Kelly Beeman est partie vivre à l’étranger, notamment en Bolivie et en Argentine – une expérience qui s’est révélée transformatrice. L’éloignement géographique de son pays natal a précipité un grand changement dans son approche créative, l’amenant vers des compositions figuratives en lien avec son histoire personnelle, depuis ses souvenirs de New York jusqu’à son enfance. On note également dans son évolution artistique la nette accentuation d’une représentation de la personnalité et de l’humeur, par le biais de créations vestimentaires très élaborées et réalisées avec soin, qui ont retenu l’attention du secteur de la mode et ont fait d’elle une illustratrice de renom.



Les compositions de Kelly Beeman représentent souvent des habits de sa propre conception ou bien adaptés de styles vintage, qui sont non seulement un moyen de souligner sa personnalité mais aussi de se démarquer de l’extravagance de la haute couture. Au-delà du vêtement, le travail de l’artiste fait une grande place aux dynamiques entre les personnages et leur environnement immédiat, proposant une exploration toute en nuances des relations interpersonnelles et du contexte physique. Le processus créatif de Kelly Beeman est soutenu par une planification méticuleuse et par beaucoup de précision, ce qui lui permet de créer des thèmes à la fois captivants et harmonieux, qui créent tant le plaisir que la suspicion. Ils donnent en effet à voir des représentations statiques et idéalisées de la jeunesse et de la beauté, semblables aux nymphes et aux sirènes des tableaux préraphaélites, qui paraissent imperméables aux imperfections et aux désagréments du monde réel.



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