7 juin - 27 juillet 2024
+ ajouter à mon calendrier
Paris
76 rue de Turenne
75003 Paris France

La galerie est heureuse de présenter Dans La Lumière, la quatrième exposition de JR à la galerie de Paris et sa treizième avec Perrotin. L’exposition présente une série d’œuvres récentes inspirées du projet CHIROPTERA - un ballet-performance unique en son genre, fruit d’une collaboration entre JR, Damien Jalet et Thomas Bangalter - mené sur la façade de l’Opéra de Paris en novembre 2023.

À cette occasion, JR invite Thomas Bangalter à présenter une installation sonore dans l’espace Saint-Claude du 7 au 15 juin.

Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin
Vue de l'exposition de JR 'Dans La Lumière' à Perrotin Paris, 2024. ©JR. Photo : Claire Dorn. Courtesy of Perrotin

Texte par Marc Donnadieu



Dans son Histoire Naturelle, Pline l’Ancien rapporte un récit grec plus ancien sur l’origine de l’oeuvre d’art. La jeune corinthienne Callirrhoé, fille du potier Butadès de Sicyone (Dibutade), triste de voir son bien-aimé partir en voyage, décide d’en conserver à jamais le souvenir. Celle-ci trace alors le contour de son ombre projetée directement sur le mur de sa chambre grâce à la lumière d’une lanterne. Et son père d’en faire ensuite le relief en appliquant de l’argile sur l’ensemble du dessin, puis en le durcissant au feu. Aussi, réalisent-ils conjointement le premier portrait de l’histoire à plat et en relief, d’une part en représentant exactement la silhouette d’une personne donnée, d’autre part en la sculptant à la même taille. De ce fait, l’oeuvre d’art se substitue tout à la fois à la réalité matérielle de l’être humain, à la mémoire que l’on en a et à son fantôme qui pourrait venir hanter notre esprit. Elle conjure dès lors le réel, le temps et l’espace.


Ce récit n’est évidemment pas sans rappeler celui, beaucoup plus célèbre, de l’« Allégorie de la caverne » que développe Platon dans le Livre VII de La République. Celui-ci met en scène des êtres humains enchaînés et immobilisés depuis leur naissance dans une caverne. Tournant irrémédiablement le dos à l’extérieur et à la lumière naturelle, ils ne peuvent observer tout ce qui passe devant l’entrée de la caverne, mais en percevoir seulement l’ombre portée projetée – là encore – sur le mur auxquels ils font face. Aussi, croient-ils voir la réalité, alors qu’en vérité ils n’en visualisent que la projection. Au-delà, ce texte inscrit tout particulièrement une distinction entre un monde d’en bas, sans soleil, ténébreux, chaotique et rempli d’hallucinations, d’illusions et de faussetés, et un monde d’en haut, lumineux, harmonieux, organisé, et traversé par la connaissance, la clairvoyance et la vérité des choses.

Dans le premier comme dans le second, tout est donc affaire de lumière et d’ombre, mais surtout de perspective et de regard. Autrement dit : la lumière se trouve à l’intérieur des ténèbres pour peu que l’on retourne son esprit et sa vision vers son point d’origine ou de jaillissement, vers la source de toute chose. C’est ce qui est justement à l’oeuvre dans le projet Retour à la caverne, Acte I et II que JR a tout spécialement développé, à l’automne 2023, pour l’Opéra Garnier à Paris. Profitant de la présence rarissime d’un échafaudage couvrant la façade d’un des plus importants monuments culturels de la capitale, l’artiste l’a métamorphosé, pour un premier acte qui a pris place durant le mois de septembre, en caverne de pierre grande ouverte sur l’avenue de l’Opéra. Quoiqu’en noir et blanc, le trompe-l’oeil était si parfait que certains passants ont pu croire que les travaux entrepris dans le bâtiment avait mis à jour une grotte géologique tapie au plus profond de l’architecture de Charles Garnier.

Pour autant, pour le second acte du mois de novembre, cette caverne ne s’est pas refermée, mais bien au contraire a révélé son point d’origine et de jaillissement, la source de son identité et de de son existence au monde. Sa paroi extérieure s’est ainsi constellée d’empreintes de mains humaines, telles celles de l’art pariétal. Puis, le dimanche 12 novembre, de 19h00 à 21h00, plus de vingt-cinq mille spectateurs ont été conviés à venir place de l’Opéra, chacun apportant avec lui une source lumineuse afin de faire vivre, vibrer et scintiller ce qui allait se dérouler devant leur yeux éblouis : CHIROPTERA, un ballet-performance unique en son genre, fruit d’une collaboration entre JR, Damien Jalet et Thomas Bangalter. Tout d’abord, l’ombre géante du corps de la danseuse étoile Amandine Albisson a démultiplié des contours si intenses et puissants que Callirrhoé n’aurait pu les saisir ni Butadès de Sicyone les figer. Ensuite 153 danseurs venus de toute l’Europe, telles des chauve-souris, ont métamorphosé l’échafaudage en écran de pixels géants, chacun alternant successivement une face sombre et une face réfléchissante. Et ce kaléidoscope de 30 mètres de haut de transmettre, in fine, ce message au monde : « Darkness holds the grace of the light [L’obscurité retient la grâce de la lumière] ».

Mais il ne s’agissait pas là que d’un événement exceptionnel qui marquera la mémoire d’un public venu en nombre, mais surtout de l’expérience d’un être ensemble producteur d’images, de mouvements, de sons, de lumières, d’émotions, de vibrations, d’énergies positives et inoubliables. Et la face noir profond et absorbant et l’autre blanc réfléchissant du tissu inédit des danseurs/chauves-souris de renvoyer à la lampe torche frontale ou au smartphone sur mode lumière de la foule des spectateurs massés dans l’ombre de la nuit. Chacun, de par sa volonté, illumine cet autre qui lui fait face. Chacun est unique et tous sont complémentaires. Chacun possède sa propre identité et tous forment la communauté du monde.

JR - Dans La Lumière

Il fallait donc, pour l’exposition dédiée à ce projet à la galerie Perrotin à Paris, non seulement produire des oeuvres spécifiques mais renouveler leur mode de représentation afin de traduire avec la même intensité ce que les personnes présentes avaient ressenties in situ. Si on y retrouve, bien évidemment, films et tirages photographique uniques qui reproduisent les différents moments du projet CHIROPTERA à l’échelle de la ville, JR y a surtout expérimenté la fusion inédite de plusieurs techniques singulières : le transfert de photographie, l’encre noire sur bois avec des rehauts de fusain. L’Ombre de la caverne restitue ainsi le ballet entre la danseuse étoile de l’Opéra de Paris Amandine Albisson et sa propre ombre projetée. La série Génome développe, elle, la vue globale des différentes configurations réalisées par les 153 danseurs juchés sur un échafaudage de plus de trente mètres de haut, alors que « Chromosome » singularise, sous la forme de « close-up », certains d’entre eux.

Quant à la série Dans la lumière, elle s’attache à leur silhouette irradiante, mais symbolise surtout la libération des prisonniers enchaînés dans la Caverne de Platon et leur retour difficile mais victorieux vers la lumière. Ce que renforce l’utilisation du bois comme support : celui-ci fait en effet tout à la fois référence aux palissades qui obstruent et cachent les chantiers urbains, aux inscriptions que l’on peut y trouver, véritables écritures urbaines indisciplinées, et à une vie renaissante à travers les veines et les noeuds encore perceptibles du bois.


« On ne chasse pas les ténèbres par les ténèbres » m’a confié JR. Pour autant, chacun d’entre nous peut sortir de « sa » caverne, quitter l’ombre et s’ouvrir à la transmission et à la connexion à partir de cette part de lumière que nous portons tous en nous. Contre l’obscurité du monde, comment agir ? En étant soi-même l’acteur lumineux de ce monde que nous avons en partage…

JR

Né en 1983 à Paris, France
Habite et travaille entre Paris, France et New York, NY, USA

JR travaille à l'intersection de la photographie, du street art, du cinéma et de l'engagement social. Au cours des deux dernières décennies, il a développé de nombreux projets publics, et son art s'est répandu dans les villes du monde entier : sur les bâtiments des bidonvilles autour de Paris, les murs du Moyen-Orient et de l'Afrique et les favelas du Brésil. Parmi les expositions solo récentes de son travail, citons JR : Chronicles, qui a voyagé à la Saatchi Gallery, Londres (2021) depuis le Brooklyn Museum, Brooklyn (2019), The Chronicles of San Francisco au SFMOMA, San Francisco (2019) et Momentum, la mécanique de l'épreuve à la Maison Européenne de la Photographie, Paris (2018).


JR est également le réalisateur de trois longs-métrages documentaires : Women Are Heroes (2011) ; Visages Villages (2017), nominé aux Oscars et coréalisé par Agnès Varda ; et plus récemment, Paper and Glue (2021).



À propos de l'artiste
MORE ON SOCIAL MEDIA 👀
SELECTED PRESS
SHOP
Liste des oeuvres
ROOM 1 - TURENNE
ROOM 2 - TURENNE
ROOM 3 - TURENNE
ROOM 4 - TURENNE
ROOM 5 - TURENNE
ROOM 6 - TURENNE
ROOM 7 - TURENNE
ROOM 9 - TURENNE
ROOM 1 - SAINT CLAUDE